Soirée forum du 18 octobre 2021

Végétaliser le quartier : un débat, et des pistes

  • , actualisé le
  • par Nicolas

En lien avec la réflexion de la commission Transition écologique de la Maison de quartier et du Forum, un débat pour imaginer ce qui peut être fait dans le quartier pour lutter contre le réchauffement climatique.

  Sommaire  
Compte-rendu au format pdf à télécharger

 Intervenants :

Animation :

Autres membres du groupe de préparation de la soirée :

Soirée préparée en collaboration avec

  • Christian Bavarel, collaborateur personnel de Mme Frédérique Perler
  • Pascal Sauvain, collaborateur personnel de M. Alfonso Gomez

 Quelques images de la soirée

Extraits vidéo de la soirée
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 1. Ouverture

Nicolas Künzler accueille les personnes présentes ainsi que celles qui suivent le débat à distance via internet. Il salue particulièrement les deux magistrats, Mme Frédérique Perler et M. Alfonso Gomez, ainsi que M. Oertli, responsable du SEVE, déjà présent deux ans plus tôt lors du forum sur la végétalisation de la couverture des voies CFF.

La double présence de Mme Frédérique Perler et de M. Alfonso Gomez est extrêmement réjouissante, car elle va permettre d’aborder le thème de la végétalisation de manière transversale. En discutant non seulement des espaces de verdure existant et leur amélioration possible, mais également ce qui peut être fait pour augmenter la place de la végétation dans un environnement urbain où l’étendue des surfaces minérales pose problème à la fois en termes d’îlots de chaleur et de quasi perte de la biodiversité.

Il présente alors brièvement le programme de la soirée :

  • tout d’abord, une présentation de la thématique de la végétalisation, de ses enjeux, et des opportunités que peut apporter une approche portée par les habitant·e·s au niveau d’un quartier ;
  • puis des interventions des magistrat·e·s, pour exposer comment, dans leurs départements respectifs, sont abordées les questions de végétalisation et de lutte contre le réchauffement climatique ; quelles sont leurs intentions politiques, leurs objectifs, leurs actions, leurs projets, les difficultés rencontrées, et les moyens à mettre en œuvre pour les surmonter ;
  • ces interventions ne seront pas suivies par un temps de remarques et de questions en plénière, mais, pour faire circuler le plus possible la parole, un moment de discussion en petits groupes sur les thèmes que les personnes présentes auront elles-mêmes choisies ;
  • ensuite un temps de mise en commun, durant lequel chaque groupe partagera ses remarques, questions, et propositions.

  2. Végétaliser le quartier : points de repères, enjeux et questions


Pierre Varcher rappelle tout d’abord que les questions de la végétalisation ne sont pas nouvelles dans le quartier. Il y a quelques années la réalisation de la couverture des voies CFF, avec la découverte d’un espace extrêmement minéralisé et extrêmement chaud en été, par exemple autour de la pataugeoire, avait déjà fait l’objet de discussions, dans le cadre du Forum, sur les lieux de vie, les besoins des habitant·e·s et des interventions souhaitées sur la couverture.


Plus récemment, là aussi lors d’un forum en 2019, le projet du SEVE de revaloriser la végétalisation de la couverture était présenté aux habitant·e·s, projet qui n’a pu se réaliser que très partiellement jusqu’ici. La soirée avait aussi été l’occasion d’évoquer la possibilité d’un aménagement différent des abords de la pataugeoire (cf. cette image d’un aménagement à Fribourg dans un espace similaire).


Plus fondamentalement, les questions liées au réchauffement climatique se sont posées de manière de plus en plus aiguës et précises ces dernières années (voir par ex. le numéro de Quartier Libre d’été 2020 consacré à l’urgence climatique). Car ce n’est plus seulement le besoin d’ombrage qui prime, mais également toute une série d’autres préoccupations.

 Trois préoccupations complémentaires

Il y a tout d’abord celle des îlots de chaleur, de la contribution de la ville telle qu’elle est bâtie au réchauffement, et de ses possibilités d’adaptation à ce réchauffement.

Sur le site du SITG, les cartes du quartier indiquant les températures estivales jusqu’en 2010 et celles prévues ‒ si on ne fait rien ‒ pour les 30 prochaines années montrent l’importance des zones de verdure, par ex. au bord du Rhône ou le long du nant de Cayla, en matière de fraîcheur, et les surfaces surchauffées, telles la couverture ou la rue de Saint-Jean, qui deviennent un véritable problème.

La minéralisation des sols, liée aux îlots de chaleur, est aussi une préoccupation. Même si le quartier de Saint-Jean possède pas mal d’arbres, ceux-ci sont souvent implantés sur des surfaces minérales.

Le Cycle de Cayla, construit à la fin du XXe siècle, est un exemple parfait de minéralisation complète, comme d’ailleurs au départ la couverture des voies.

La 3e préoccupation constitutive de l’urgence écologique est celle de la biodiversité.


Il faut mettre en évidence ici l’action de la Coopérative des Voies couvertes, qui est en train de procéder à la végétalisation des toits de ses bâtiment. A partir d’un problème thermique, la coopérative en effet a fait une réflexion beaucoup plus large afin contribuer à faire de la couverture des voies un couloir de biodiversité. La question est toutefois de savoir si on peut se limiter aux toits, ou s’il ne faut pas prendre en compte également les abords des bâtiments, qui eux ne dépendent pas de la coopérative.

 Relier les projets des autorités et l’échelle du quartier

Ce sont ces préoccupations qui ont motivé le Forum à reprendre le débat ce soir. En étant bien conscients que le quartier de Saint-Jean ‒ Charmilles n’est pas à considérer comme un élément isolé, puisqu’il y a une prise de conscience générale des ses questions. A Genève existe en effet un plan climat cantonal 2030, un plan municipal de végétalisation, avec des projets d’intervention à court, moyen et long terme, complété par un volet opérationnel.






On ne se trouve donc pas en opposition avec des autorités qui ne voudraient pas faire, mais au contraire en articulation : à une autre échelle peut-être, nous partageons les mêmes préoccupations. Et la question de ce soir est de voir comment articuler les échelles du quartier et de la Ville.

Le plan de végétalisation de la Ville descend d’ailleurs à l’échelle des quartiers, et fait des inventaires secteur par secteur, pour nous celui de Charmilles - Châtelaine et celui de Saint-Jean, à partir desquels on pourrait articuler notre action.

Il faut mentionner ici l’existence de la Commission Transition écologique, qui rassemble un certain nombre d’habitant·e·s sous l’égide de la Maison de quartier et du Forum. Ouvert à toute personne intéressée, ce groupe s’occupe de questions très diverses, depuis la diminution de la production de déchets, le recyclage, jusqu’aux questions de végétalisation, avec une recherche de cohérence au niveau du quartier. Le rallye de la transition écologique du printemps dernier a permis de voir un certain nombre de lieux et de préoccupations mises en avant par cette commission.


 Des obstacles à surmonter

Pour aborder avec la commune ces questions qui nous préoccupent, il y a des obstacles à surmonter. Le premier est celui des temporalités : le temps associatif n’est pas le temps administratif ou le temps politique, qui travaillent avec des échéances à court-terme, à moyen terme et à long terme. Articuler ces différentes temporalités ‒ on l’a vu lorsqu’il s’est agi d’imaginer et de réaliser l’aménagement de la couverture des voies ‒ constitue un vrai défi.

Un autre défi est d’articuler les différentes couches de pouvoir : qui a le pouvoir de faire quoi ? Si on prend un exemple la place des Charmilles et le besoin de la transformer pour qu’elle soit moins un îlot de chaleur et une zone de grand trafic, on a pu constater le type de difficultés rencontrés. Il y a en effet un projet de BHNS qui aura besoin sur la rue de Lyon de deux pistes de circulation qui lui seront réservées. Ce qui pose tout un problème d’aménagement pour le reste du trafic et pour des points comme la place des Charmilles ou plus loin le carrefour de l’Écu.

Le projet en discussion concerne deux département de l’État, celui de la mobilité et celui de l’aménagement. Or on a vu très vite lors du processus de consultation mené par une agence venue de Copenhague, que même entre les départements de l’État, ça ne jouait pas forcément. Car l’idée de bloquer par exemple une piste de circulation pour mettre en place des aménagements provisoires pour réfléchir à la nouvelle forme de la place des Charmilles se heurte à la perspective de paralyser la circulation et de créer des bouchons. Donc si sur un dossier comme celui-là on ajoute encore deux départements de la Ville, il devient très difficile pour nous habitant·e·s d’avoir des interlocuteurs, et on se heurte souvent aux fonctionnements en silos des différents départements.

 Les habitant·e·s ont un rôle à jouer

Mais il y a quand même des choses qu’on peut faire. Les inventaires du plan stratégique de végétalisation vont jusqu’à l’échelle locale.

A partir de là et à ce niveau très local, les habitant·e·s peuvent-ils être considérés comme des experts du quotidien, avec qui on peut discuter. Car il est vrai qu’en tant que groupe d’habitant on peut avoir un regard beaucoup plus pointu sur des espaces plus précis, s’intégrant dans une démarche générale. Un des buts ce soir peut donc être d’identifier des lieux problématiques, à propos desquels on peut entrer en discussion.

Par exemple un des projets à la mesure de ce que peuvent faire les habitant·e·s d’un quartier en l’inscrivant dans une démarche générale est celui du petit jardin botanique rue de Saint-Jean, qui prévoit d’utiliser une petite surface, appartenant d’ailleurs à la Ville, plantée de deux arbres originaires d’Andalousie menacés dans leur environnement d’origine pour montrer cet enjeu du réchauffement climatique : faut-il aujourd’hui adapter des plantes qui viennent du sud de l’Europe ? Avec pour cet espace un but pédagogique et de sensibilisation, en montrant quelles sont les plantes qui en Andalousie accompagnent ces deux arbres. Mas avec également avec ce projet un emplacement emblématique, puisqu’étant situé entre la bordure verte du Rhône et la couverture des voies il pose la question des couloirs à créer transversalement pour relier les zones végétalisées existantes.

Voici donc l’axe de travail que nous proposons :

comment on peut-on imaginer, comment on peut-on articuler des envies, des besoins, des soucis qu’il y aurait au niveau des habitant·e·s, avec les plans généraux tels qu’ils sont conçus soit à l’échelle de la municipalités soit du canton ?