Printemps 2020

Travaux en vue à la station de pompage de Saint-Jean

  • , actualisé le
  • par Nicolas

Un important chantier va bientôt démarrer au bout du Parc du Promeneur-Solitaire, afin de rénover cette installation méconnue mais indispensable pour Genève qu’est la station de pompage de Saint-Jean.

 Un bâtiment à l’abandon ? Oh que non !

Au bout du parc du Promeneur-Solitaire, en contrebas du pont de chemin de fer, on aperçoit une grande construction de béton recouverte de graphes multicolores. Mais savez-vous à quoi sert cet immense cube que certains croient abandonné ?

En fait, ce bâtiment abrite une installation vitale pour Genève, et assez unique en Europe par sa taille : la station de pompage de Saint-Jean. C’est à cet endroit en effet qu’arrivent 80 % des eaux usées du canton, à travers d’énormes canalisations enterrées, celles de la rive gauche passant même sous le lit du Rhône.

D’énormes conduites enterrées amènent les eaux usées à la station de pompage de Saint-Jean

 Un équipement vital

Le rôle de la station de pompage, propriété des Services industriels de Genève (SIG) est de pomper – évidemment ! – cette masse d’eau, et de la déverser une quinzaine de mètres plus haut dans d’autres tuyaux, qui l’emmèneront en pente douce jusqu’à la station d’épuration (STEP) d’Aïre, où elle sera traitée.

La salle de surveillance et de pilotage de la station de pompage

La station de pompage est donc active en permanence. On ne peut pas interrompre son fonctionnement, car les eaux usées arrivent 24h sur 24, et personne n’a envie de voir ce qui se passerait si on était forcé de les relâcher dans le Rhône...

 Un entretien nécessaire

La station date des années 60. Autant dire que ses canalisations, et d’autres parties en contact avec les eaux usées, ont besoin d’être rénovées ou remplacées. Mais alors comment faire, si on ne peut arrêter le passage de l’eau ? Les SIG ont décidé d’intervenir à l’arrivée des conduites. En effet, actuellement les eaux de la rive droite et celles de la rive gauche ont chacune leur circuit dans la station, et sont traitées dans des circuits de pompage parallèles.

La solution est donc d’installer un by pass, qui permettra de raccorder avant pompage les eaux d’une rive à celles de la rive opposée. Ainsi, tandis que l’installation fonctionnera sur une des deux « moitiés » de la station, il sera possible d’intervenir sur l’autre partie, pour remplacer tout ce qui doit l’être.

 Une marge de fonctionnement bienvenue

Une des deux rangées de moteurs électriques actionnant les énormes pompes qui se trouvent en dessous.

La chance de la station de pompage est d’avoir une réserve de capacité suffisante pour qu’en temps ordinaire un seul circuit, rive gauche ou rive droite, soit capable de pomper le volume total des eaux usées qui arrivent. A condition, comme il vient d’être expliqué, qu’on puisse réunir les conduites des deux rives à leur arrivée au sous-sol de la station et les dériver dans un des circuits de pompage.

 Eaux claires... eaux usées...

Cette capacité impressionnante de la station n’est pas un caprice des SIG. Il faut savoir que le volume des eaux usées peut à certains moments être multiplié par 10 ! C’est la cas en effet lors de précipitations abondantes. Dans une partie du canton, on a séparé les eaux claires des eaux usées. Les premières, comme elles sont issues du ruissellement naturel des averses sur le sol, sont acheminées directement dans un cours d’eau à proximité. Autrement dit, dans ce cas de figure, puisque seules les eaux usées sont rassemblées pour être traitées dans une station d’épuration, les mégots et autres déchets qu’on abandonne par exemple dans une grille en bord de route finissent dans une rivière ou dans le Rhône.

Juste avant de sortir de la station, les eaux usées de la rive gauche et de la rive droite sont rassemblées pour être acheminées à la Station d’épuration d’Aïre à travers une conduite de 4 m de diamètre.

Cependant, la séparation entre eaux claires et eaux usées n’est pas et ne pourra pas, notamment dans les zones trop peu denses, être effectuée sur l’ensemble du territoire. Dans ce cas, il n’y a qu’un seul circuit pour les deux types d’eau, qui les fait passer en grande majorité par la station de pompage de Saint-Jean. Le débit moyen de celle-ci est d’environ 2’000 litres, soit 2m3, par seconde. Mais lors de l’orage du juin 2019, le débit est passé à plus de 20’000 litres par seconde, atteignant quasiment la capacité de la station, qui fonctionnait alors à toutes pompes !

 Des travaux compliqués...

Pour installer le by pass mentionné plus haut, il va être nécessaire de forer un puits d’accès au dessus de l’arrivée des conduites provenant de la rive gauche et de la rive droite.

C’est exactement en dessous du cheminement entre station et falaise que se trouve l’arrivée des conduites des eaux usées des deux rives, et que le puits d’accès sera creusé

Malheureusement, cette arrivée se situe au dessous du passage qui permet aux promeneurs de rejoindre le bord du Rhône depuis le parc du Promeneur-Solitaire. A partir de ce printemps, ce cheminement sera donc fermé, et cela durant toute la durée des travaux. Pour atteindre les rives du Rhône, il faudra donc faire un détour par le sentier du Nant du Petit-Cayla, qui rejoint le fleuve en partant de l’angle sud de l’école primaire de Cayla. Par contre, notons-le, l’accès au pont CFF et au bois de la Bâtie restera ouvert.

Pour accéder au bord du Rhône depuis Saint-Jean et les Charmilles, il faudra pendant les travaux passer par le sentier du Nant du Petit-Cayla

 ...et longs

Les SIG ont étudié toutes les possibilités : utilisation d’une barge pour acheminer les machines de chantier, funiculaire entre le parc et la station pour transporter le matériel, … Mais le matériel nécessaire est lourd, les lieux sont escarpés, l’espace entre la station de pompage et la falaise très étroit, le risque d’éboulement et la proximité de la voie de chemin de fer compliquent encore les choses. La seule solution possible est donc l’installation d’une grande grue qui assurera les transbordements entre l’extrémité du parc et la station.

Cet espace sera utilisé comme dépôt de chantier durant les travaux. Mais le passage pour aller au Bois de la Bâtie par le pont CFF sera maintenu.

Une zone d’entreposage sera donc installée à côté des WC publics. En raison de la complexité des travaux à réaliser et de la configuration des lieux, les SIG estiment que le chantier durera environ 2 ans et demi. Un long temps de patience donc pour les habitant·e·s du quartier et les amoureux·ses des bords du Rhône. Qu’on essaiera de prendre avec philosophie en se disant que même si peu de gens le savent, la station de pompage de Saint-Jean assure un service discret mais indispensable à l’ensemble de la population du canton.