Origines du nom des rues et histoire du quartier

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  • par Nicolas

Cette présentation de l’origine du nom des rues et cet historique du quartier ont été rédigés par Pierre Varcher, coprésident de la Maison de quartier de Saint­-Jean.

 V. L’ORIGINE DU NOM DES RUES DU QUARTIER

 1. Les rues faisant référence au site

Certaines rues portent le nom du lieu où elles mènent :
L’avenue d’Aïre
La rue de Lyon
La rue de Saint-Jean
(voir l’origine de ce nom ci-dessous dans le chapitre consacré à la période du Prieuré).

Le sentier Sous-Terre : Ce nom s’ex­plique par la situation du lieu au pied des falaises, sous les terres des grands pro­priétaires bourgeois de Saint-Jean. L’an­cien pont Sous-Terre fut construit en 1889-­90 par un promoteur immobilier pour permettre la desserte de la minoterie qu’il louait à Sous-Terre et qui y profitait de la force hydraulique du Rhône.

Deux rues évoquent le fait que le quartier se situe au sommet des falaises et offre un point de vue remarquable sur la ville et ses environs connu des Genevois ainsi que le montre la carte postale de 1905 ci-dessous. Ces deux rues ont été tra­cées lors du morcellement de la campa­gne Pictet ­Constant.
Rue du Belvédère : Voltaire, notamment, y conduisait tous ses visiteurs.
Rue Beau-Site

Vue de Genève depuis Saint-Jean

Deux autres rues portent le nom d’un site visible dans leur axe :
Rue du Beulet : avant la construction de l’école, la rue pointait sur le Beulet, alpage du Salève entre la Croisette et les Pitons. Entre 1913 et 1957, la rue parallèle s’ap­pelait, selon la même logique, la rue des Treize-Arbres, avant d’être rebaptisée rue de Miléant.
Rue de la Dôle : a dans son axe nord le sommet du Jura qui porte ce nom.

Un certain nombre de rues ont reçu le nom du site où elles se trouvent, ou des plantations dominantes en cet endroit :
Rue des Cèdres : Cette rue rappelle que, comme ici, les bourgeois genevois étaient amateurs de cèdres qu’ils plantaient dans leur propriété.
Rue des Charmilles : En 1865, ce vieux chemin s’appelle encore « Chemin de Châtelaine ». Une charmille est un en­semble de charmes plantés et taillés pour former une allée. On en trouvait de nom­breuses sur les propriétés d’alors. Une campagne située vers le rond-point actuel et s’étendant jusqu’à la rue de la Dôle s’appelait « La Charmille ».
Sentier des Falaises : Serpente au pied de celles-ci le long du Rhône.
Chemin du Ravin : Avant la construction de l’école de commerce, un ravin descen­dait des Délices jusqu’au bord du Rhône.

Rue des Charmilles et avenue des Tilleuls vers 1950
Bibliothèque de Genève

Avenue des Tilleuls : Elle rappelle l’allée de tilleuls qui se trouvait à cet endroit-là.

 2. Les rues faisant référence à la période des grandes propriétés bour­geoises :

Rue du Château : c’était le chemin d’ac­cès à la maison de maître des Pictet ­Constant.
Rue Daubin : Nicolas Daubin (1807­-1862) a acheté une propriété aux Char­milles où ses descendants vécurent jus­qu’en 1909.
Rue des Délices : Nom que Voltaire don­na à sa propriété qu’il occupa de 1755 à 1765. La maison de maître des Délices abrite aujourd’hui le Musée Voltaire.
Rue des Eidguenots : Nom du parti fon­dé au début du 16e siècle qui était partisan d’une alliance de Genève avec les Confé­dérés (Eidgenossen). Un de ses chefs, Bezançon Hugues, fut certainement le premier bourgeois genevois à établir sa maison de campagne à Saint-Jean.
Chemin François-Furet : Peintre gene­vois, paysagiste et animalier (1842–1919). Au début du morcellement des grandes propriétés, Furet avait son atelier dans une grande villa située à l’angle des rues actuelles Miléant et des Tilleuls.

François Furet dans son atelier en 1906
Photo Boissonnas - Bibliothèque de Genève

Avenue De-Gallatin : Cette avenue re­prend le même tracé que le chemin d’ac­cès à la propriété De-Gallatin : le portail s’ouvrait sur l’avenue d’Aïre et la maison de maître se situait vers l’actuelle rue de la Nouvelle Héloïse.
Rue de Miléant : En 1906, l’année où il a obtenu son permis d’établissement, un certain Léonce Miliante, qui se faisait ap­peler Comte Léon de Miléant, donna à la commune, à titre gracieux, une parcelle du terrain (ex-campagne Gerebzow) que sa femme possédait pour qu’une rue puisse être ouverte.
Chemin du Nant-Cayla : Il borde le nant auquel on a donné le nom de la campa­gne voisine, celle de la famille Cayla.

 3. Les rues du « quartier Jean-Jacques »

Jean-Jacques Rousseau n’a rien eu à faire avec Saint-Jean. Si une bonne partie du quartier lui est dédiée, c’est par la volonté de la Société Immobilière Genevoise qui, en 1912, proposa à la commune de donner ces noms aux nouvelles rues créées par le morcellement de la campagne Gallatin. Le bicentenaire de la mort de Rousseau servit de prétexte à cette opé­ration de promotion immobilière vantant les charmes de la nature en ville.

Ainsi apparurent :
Le Rond-point Jean-Jacques
La rue Ermenonville : du nom du lieu où Rousseau est décédé.
L’avenue Warens : du nom de sa protectrice à Chambéry, Madame de Warens.
Un certain nombre de rues rappellent les œuvres de Rousseau :
Rue des Confessions
Rue du Contrat-Social
Rue du Devin du Village
Rue de la Nouvelle Héloïse Sentier
et parc du Promeneur Solitaire (en souvenir des Rêveries du promeneur solitaire)

Le tracé de la défunte rue de l’Emile (au premier plan)
juste avant la construction de l’école du Devin-du-Village

Rue du Vicaire Savoyard : La « profes­sion de foi du Vicaire savoyard » est un chapitre de l’Émile, une des œuvres majeures de Rousseau. Mais aucune rue ne porte le nom de celle-ci. Elle existait pourtant sur les plans, mais elle a été « écrasée » par… une école publique (celle du Devin-du-Village). Drôle de destin pour la commémoration d’une œu­vre pédagogique majeure…

 4. Les noms donnés en commémo­ration de personnages célèbres sans lien avec le quartier :

Rue Frédéric Amiel : Philosophe gene­vois connu surtout pour son monumental journal intime publié juste après sa mort en 1881 et qui connut un retentissement européen.
Rue J.­ L. Borges : Célèbre écrivain argentin mort le 14 juin 1986 à Genève où il est enterré.
Rue Cavour : Camillo Benso, comte de Cavour, fut un homme politique piémon­tais, important partisan et acteur de l’unité italienne. Sa mère, Adèle de Sellon, appartenait à une famille bourgeoise et calviniste genevoise, ce qui explique les nombreux séjours de Cavour à Genève.

Rue Charles Giron : Peintre genevois né en 1850 et mort en 1914. II était très recherché par la haute société interna­tionale pour ses portraits élégants. Après avoir vécu à Paris, il est de retour à Genève en 1896. Il peint la fresque intitu­lée le « Berceau de la Confédération » qui orne la salle du Conseil National à Berne.

La Parisienne de Charles Giron (détail)

Chemin William-Lescaze : Ce chemin qui est l’ancien accès à la campagne Cayla porte le nom d’un architecte né à Onex en 1896 et qui a fait toute sa carrière aux États-Unis où il fut un des pionniers du modernisme en architecture.
Rue François-Ruchon : Enseignant, his­torien (1857­1953), membre influent du parti radical dont il a dirigé le journal « Le Genevois » de 1945 à 1953.
Rue Tolstoï : (1828­-1910). Un des écri­vains majeurs de la littérature russe. Il a séjourné à Genève en 1857 et 1861. Quelques-uns de ses écrits politico-religieux furent imprimés à Genève, parce qu’interdits de parution en Russie.

Quant à la Rue des Pénates, on ignore les raisons de cette appellation, le baptême de cette rue n’ayant fait l’objet d’aucune décision officielle…